Huit mois. Huit putains de mois. C’est le temps qu’il avait fallu aux équipes des soins intensifs pour me remettre sur pied, en comptant la rééducation et les batteries de tests pour s’assurer que mon corps réagisse bien aux prothèses. C’était quitte ou double, soit mon corps allait tenir le coup, soit j’allais subir des rejets et me transformer en boule de pue boursoufflée.

Heureusement ce ne fut pas le cas. À peine capable de mettre un pied devant l’autre sans me vautrer, l’infirmière en chef me botta le cul pour que je quitte son service. Retour au boulot, accueilli comme une merde sur un trottoir, muter vers les renseignements, le tout saupoudré du traditionnel sourire de scribouillard qui fait les pipes et le café.

Mon extension de combat fut mise à jour pour être compatible avec mes nouveaux membres et mon augmentation oculaire, on me confia une nouvelle arme de service. Et c’est là que je me suis retrouvé heureux propriétaire d’un petit appartement merdique à West Side.
On m’avait demandé de me tenir tranquille, le temps que les affaires internes s’occupent de ramasser les morceaux. Afin de ne pas trop rouiller, l’on m’avait refilé un dossier concernant plusieurs disparitions mystérieuses, des types et des nanas dont tout l’monde se foutait royalement. Un Stray de plus ou de moins dans le décor, ça ne manquait à personne. Malheureusement mon boulot n’était pas de juger, mais bien de comprendre pourquoi des types disparaissaient du jour au lendemain.

La plupart des disparus n’avaient pas vraiment de famille, et il fallait généralement plusieurs jours à leurs potes pour arrêter de planer et se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Plusieurs jours de délai pour réagir, et personne n’avait envie de se déplacer pour trois ou quatre types disparus qui allaient sûrement réapparaître derrière une poubelle après la meilleure cuite de leur vie. Ça, c’est ce que tout le monde pensait les premiers jours, puis quand le nombre de disparitions atteignit la dizaine de cas, puis la quinzaine, là, l’histoire commença à faire un peu de bruit. C’est à ce moment-là que j’ai eu droit au petit dossier sur mon interface directe. Je dois avouer que ça, c’était bien pratique, il me suffisait de cligner des yeux pour avoir accès à toutes les infos, bien plus pratique que de chercher le bon holo au milieu d’une caisse de bordel.

J’ai d’abord fait le tour des coins où vivaient les disparues, je devais vérifier toutes les pistes possibles. Évidemment, avec ma gueule personne ne voulait me parler, et encore je faisais attention de ne pas trop montrer mes prothèses. J’ai finalement joué des coudes une ou deux fois pour avoir des infos. J’ai appris que cela faisait plusieurs mois que des types louches rôdaient dans le coin, les gars étaient bâtis comme des colosses, habillés tout en noir et le visage caché. Ils venaient faire le tour du quartier, avant de finalement disparaître quelque temps après, et c’était généralement à ce moment-là qu’on apprenait le cas d’une nouvelle disparition. C’était presque trop gros pour être vrai, mais j’ai tenté le coup.


D’après ce que je savais, les gars en question avaient l’habitude de tourner dans le quartier en début de semaine. Ça faisait une belle zone de recherche, mais des gorilles tout en noir ça n’allait pas être difficile à trouver, encore moins dans les coins les plus malfamés. Je faisais mon petit tour tranquille, profitant des lueurs de néons et de la fine pluie pour m’aérer l’esprit. J’avais encore du mal avec mes prothèses, le pire c’était lorsque j’avais des sensations de démangeaisons dans les jambes, tout en sachant que c’était juste impossible de ressentir quoique ce soit à ce niveau-là.

Au détour d’une rue, je suis tombé sur ce que je cherchais. Un grand type habillé tout en noir qui semblait chercher quelque chose. Il observait les passants, sans doute à la recherche d’un plus paumé que les autres. Je me tenais assez loin de lui, mais avec mon augmentation oculaire cela ne me posait aucun problème. Je me contentais de regarder, bien à l’abri sous l’enseigne d’un bordel qui proposait des expériences en réalité virtuelle. Ici pas de nana pour faire la causette après une petite sauterie, juste la possibilité de modeler son fantasme en RV et de se vider dans son froc. Après de longues minute à faire son choix, le colosse sembla jeter son dévolu sur une jeune femme qu’il écarta petit à petit de la voie principale. J’ai dit adieu à l’holo de l’entrée qui me faisait les yeux doux et j’ai traversé la rue pour me rapprocher du suspect. Le gars était plutôt bon, il était parvenu à attirer la nana dans une petite rue suffisamment excentrée de la principale pour avoir la paix. Quelques pas de plus et je fus à portée de voix. Le colosse tenait la femme par le bras, plaquée contre le mur d’une habitation.

- Mais lâche-moi sale connard ! Tu vois pas que tu m’fais mal ? Va t’trouver une
- Je crois que tu vas devoir te trouver une autre fille.

Le type tourna lentement la tête dans ma direction, mais ne répondit rien. Il relâcha la jeune femme aussitôt, celle-ci ne perdit pas une seule seconde et elle détala sans demander son reste. Le gorille était plus large que moi, mais aussi plus petit.

- T’es qui toi ?

Sa voix était similaire à un râle lointain, j’avais l’impression d’entendre parler une grotte.

- Et toi t’es qui ? Paraît que tu traînes dans le coin depuis un moment.
Aucune réponse.

Mon module de combat s’activa, j’étais prêt à riposter en cas de problème. Le colosse me fonça dessus sans prévenir, je ne l’aurais pas cru capable de bouger aussi vite. D’un pas sur la droite j’ai esquiver un coup qui m’aurait sans doute encastré dans le sol. J’ai répliqué en frappant dans les flottantes, aucun résultat. Le type pivota sur son pied et frappa une nouvelle fois avec une attaque circulaire. Mon bras dévia le coup, une parade presque automatique, je pouvais dire merci à l’extension de combat. À cause de son attaque, il avait exposé son ventre et j’ai enfoncé mon poing dedans. Cette fois il poussa un grognement sinistre, ce n’était pas le genre de grognement que pouvait pousser un homme, mais plutôt celui qu’une bête aurait poussé. Le choc le plia en deux, j’ai profité de la chose en abattant mon poing gauche sa tête, son casque vola en éclat et il s’écroula lamentablement sur le sol.

J’avais le souffle court, comme un petit gros après avoir tapé un sprint. C’était mon premier vrai combat depuis huit mois. Jusqu’alors je n’avais eu droit qu’à des simulations pour tester mes réflexes et s’assurer de la synchro de tous les mouvements. J’avais encore du mal à tout contrôler, qu’il s’agisse de mon souffle ou de la force de mes coups.

Son casque fendu dans la longueur laissait entrevoir des implants difformes sur le base du crâne, accompagné de cicatrice aux couleurs tout aussi diverses que variées.

- Qu’est-ce que t’es putain…

Les dernières semaines étaient plutôt compliquées pour le docteur Blackwater, impressionnée par ses nouvelles découvertes, la corporation avait investie massivement dans son entreprise et attendait à présent encore plus d'innovations et des résultats solides. L'argent n'étant pas un problème pour se fournir en tout type de matières hormis la principale ressource dont elle avait besoin, des êtres humains. Se réorganisant totalement, en plus de ses livraisons habituelles,  elle avait mis au point l'opération "Récolte" certains prototypes de classe un étaient chargés de trouver du bétail, le marquer et une équipe d'extradition allait par la suite procéder à l'extraction. Cela ne se passait pas toujours comme prévu, mais les process internes permettaient de grandement améliorer la logistique et petit à petit de basculer à un niveau d'approvisionnement supérieur.

N'hésitant pas à se mouiller elle-même pour surveiller certaines misions. Elle supervisa directement chaque opération avec chaque agent posté dans leurs zones respectives. Certains lieux étaient bien plus sensibles que d'autres, mais les Strays commençaient sérieusement à se méfier et cela ne l'arrangeait pas beaucoup, mais elle ne pouvait se mettre à chasser autre chose sous peine d'être découverte. Déjà qu'elle avait quelque soucis avec un gang à la noix, elle n'en voulait pas spécialement d'autres.

Habillée de manière militaire, une casquette sur la tête couvrant même ses oreilles si inhabituelles au passage, elle faisait profil bas lors de ce type d'opération. Et ce soir allait changer quelque chose dans ses plans bien qu'elle ignorait tout de ce que cela pouvait être.
Appuyant directement sur son oreille pour activer un transmetteur interne elle fit un listing depuis le véhicule blindé dans lequel elle se trouvait avec des gardes.

- Hive à Swamp, extraction possible.

Un long silence avant qu'elle reçoive une réponse positive, disant simplement

- Affirmatif.

Sans dire plus, le véhicule blindé roula en direction d'une zone précise afin de récupérer le précieux colis. Arrivant sur place en moins de dix minutes, le colis s'avérait être une femme dans la fin vingtaine, inconsciente car totalement étourdie, elle rentra dans le véhicule et on la fit menotter puis l'assoire sur une place précise. Refermant la porte arrière, il reprit une route donc seul les occupants connaissent les secrets. Un nouvel appel fût lancé.

- Hive à Crocodile, pas de signal depuis 118 secondes, répondez.

Un long silence, sans aucune réponse.

- Hive à Crocodile, pas de signal depuis 139 secondes, répondez !

Aucune réponse vocale ne se fit entendre, mais une position apparue, qu'elle s'empressa de communiquer au conducteur du blindé. La position n'était pas trop lointaine et il suffirait d'une quinzaine de minutes pour y arriver. Nul besoin de communiquer avec les autres gardes vocalement, ils comprenaient que quelque chose clochait et s'empressaient de prendre des armes, certains avec des lames, mais la majorité des fusils mitrailleurs qu'ils transportaient avec aisance.
Arrivant dans la zone tout sauf discrètement, Tara repéra le signal de son agent. Les bruits des lourdes roues du véhicule firent voler les obstacles qui pouvaient se dresser sur leur chemin.

Un homme dont l'identité restait encore un mystère semblait avoir mit à mal l'agent chargé de cette zone. Ne souhaitant pas non plus basculer dans la violence car ce dernier n'avait pas spécialement l'air d'un Stray, Tara fit un mouvement de tête afin de dire à son groupe de sortir à sa rencontre. Une rampe descendit de l'arrière du blindé et ils sortirent pas à pas, étant la première, les mains dans les poches, elle fut très rapidement rejointe par sept autres gardes de tailles diverses et variés tous habillé de la même manière que celui qui venait de perdre son casque. Ils tenaient en joue l'homme qui semblait l'avoir empêché de faire son travail, laissant le docteur à l'apparence d'une gamine s'approcher de l'étranger et engager la conversation.

- Vous avez battu un rang un, c'est peu commun voir même impressionnant.

Tournant autour de son garde, ce dernier ne bougeait pas d'un seul millimètre, n'osant absolument rien dire, il attendait les ordres comme un chien bien dressé.
Mains dans le dos, très droite et sûre d'elle, elle engagea la parole en regardant le vainqueur du combat avec une assurance à toute épreuve.

- A première vue, des implants, des prothèses, mais votre visage ne me parle guère ? En plus de cela je n'ai aucun rang deux et encore moins un qui a pu s'échapper de chez moi ?

Marquant une pause puis faisant un tour rapide de l'homme, elle ne savait plus si ses composants sortaient de son laboratoire ou non ? Il fallait le dire qu'à force de créer autant de choses qu'elle, elle ne pouvait se souvenir de chaque visage.

- Un vulgaire humain, n'aurait pas eu l'ombre d'une chance contre mon garde, je présume ainsi que vous ne l'êtes pas, ou plus tout à fait, ce qui pourrait régler plus facilement cette situation quelque peu, indélicate...

Les autres gardes s'approchèrent, l'aidant à se relever et l'accompagner jusqu'au transport. Gardant tout de même en mire celui qu'ils ne connaissaient pas. Tara combla afin d'avoir l'attention de son interlocuteur.

- J'imagine que vous avez agi par bonté d'âme ? Par vengeance, par mission ? Qu'est ce qui vous motive ?

Croisant à présent les bras et continuant à tourner autour du mystérieux personnage, elle changea de ton du tout au tout, avant de prendre une très grande inspiration et de se mettre à crier sur son garde battu.

- MONUMENTAL ABRUTI, EMMENEZ LE AU RECYCLAGE ET LANCEZ UNE NOUVELLE FABRICATION JE NE VEUX PLUS D'UN SOUS-ETRE !

S'activent précipitamment, ils l'emmenèrent rapidement avant de le placer aux côté de la cible précédemment capturée. Trois soldats armés restaient cependant avec leur créatrice et attendaient la suite des ordres en arrêtant de pointer leurs armes sur l'étranger lorsque Tara fit un geste d'un doigt de les relever.

- Il n'y a que deux moyens de finaliser cette soirée, par la mort ou par des explications, je suis diplomate, alors je vous laisse parler.

Elle avait hâte d'entendre sa version des faits, et surtout voir qui elle avait en face d'elle, il ignorait également sans doute tout d'elle et encore plus de son rang, de toute manière Tara n'allait pas le dévoiler de suite.

J’avais… Disons que j’avais du mal à définir ce que j’avais sous le nez. Bien que le type ait l’allure d’un homme, il était loin d’en avoir la gueule, ou alors il aurait dû porter plainte contre ses parents pour l'affront. On aurait dit un assemblage raté d’augmentations en tout genre, c’était à se demander comment une telle chose pouvait tenir debout sans être devenue tarée. J’allais saisir le type par le col pour le retourner lorsqu’un véhicule déboula de la rue principale, s’arrêtant en plein milieu de la petite rue. Aussitôt immobilisé, l’arrière du véhicule déversa ses occupants ; une gamine suivie de ses sept porte-flingues identiques à celui que j’avais envoyé au tapis.

Mon interface directe me signala un danger imminent, au cas où j’étais trop con pour m’en rendre compte. L’extension de combat fit le reste, je pouvais déjà sentir l’envie de saisir la crosse de mon arme de poing. Malgré la volonté d’en découdre, je savais mes chances quasi nulles, au milieu d’une rue sans couverture possible et face à sept types armés comme un groupe d’intervention, j’aurais mieux fait de me tirer une balle que de tenter l’affrontement direct. La gamine s’approcha de nous, son regard attiré par la chose étendu sur le sol.

Rang un ou rang deux je n’en avais rien à foutre, et j’avais même l’impression que nous ne parlions pas la même langue. L’interface continuait de me signaler un danger imminent, comme ça commençait à me souler qu’on me rappelle quelque chose que je savais déjà, j’ai préféré la désactiver. Je me suis dit que personne n’avait envie de me buter pour le moment, j’aurais pu prendre balle entre les deux yeux dès l’ouverture du blindé, et pourtant j’étais bel et bien debout en train de faire un brin de causette avec la jeunesse. Toujours sur mes gardes, je me suis écarté pour prendre un peu de distance, mais aussi pour laisser deux colosses passer, plus facile de ramasser leur pote si je n’étais pas au milieu comme un touriste.

- Le boulot.

Je ne comptais pas en dire plus pour le moment, et de toute manière l’engueulade qui s’en suivit m’aurait coupé dans mon élan. L’avantage de la situation c’est qu’il ne restait plus que trois gardes armés à une certaine distance, j’avais donc un peu plus de chance de m’en sortir qu’à leur arrivée. Mon regard se posa sur la gamine puis sur les gardes dernières. Il n’y avait pas beaucoup de personnes capables de se payer un véhicule blindé ainsi qu’une garde personnelle, et sûrement pas les habitants du coin. Le véhicule était similaire à ce que j’avais déjà pu utiliser durant ma carrière dans les groupes d’intervention, bien que celui-ci semblait être un modèle amélioré. Difficile pour moi de dire s’il s’agissait d’une fille à papa qui pétait plus haut que son cul, ou d’un problème plus épineux encore. Dans un cas comme dans l’autre, l’autorité que mon rang m’offrait ne me serait d’aucune utilité, si ce n’est peut-être mourir avec dignité.

- Expliquer quoi ? Ça ?

J’ai hoché la tête à l’endroit où le colosse avait fini quelques minutes plus tôt.

- Quand j’vois un type avec l’intention évidente de faire du mal à une femme, je le neutralise avant, ça c’est ma politique.

Bien que plusieurs minutes s’étaient écoulées, j’avais encore le souffle court. Je devais me calmer et apprendre à mieux gérer les affrontements au corps à corps sous peine de ne pas être très efficace sur la durée. Bien sûr je ne laissais rien paraître, si ma survie était due au fait que je sois considéré comme une menace, autant en garder l’image. Je devais aussi donner quelques cartes, histoire de voir si ça pouvait m’apporter quelque chose de bénéfique.

- La diplomatie ce n’est pas trop le fort des Sergents des groupes d’interventions, vous êtes ?

Ouais, j’ai exagéré un peu. J’ai bien été sergent, le temps de me faire exploser et d’être rétrogradé aussitôt. À ce moment, je me disais que donner un grade et parler des équipes d’intervention me donnerait un peu plus de poids dans une discussion ouverte.

C'était donc un héros, sauf que les héros ne vivent pas longtemps dans la vraie vie, d'autant que celui-ci semble déjà avoir perdu sa chance tellement il était rapiécé de partout se disait Tara, elle était néanmoins mal placée pour cela, elle qui n'avait strictement plus rien d'humain hormis son cerveau qui lui-même était alimenté par des machines et des implants de toute part.

Il ne souhaitait pas s'expliquer davantage, il se croyait dans doute dans un polar à pouvoir te mettre la pression car tu ressemblais à une pauvre gamine, mais il ignorait tout de toi tout autant que tu ignorais tout de lui. Tu voulais cependant lui montrer que tu n'étais pas vraiment plus qu'un pauvre corps que tu utilisais en attendant de pouvoir transférer ton esprit, non, ton génie ailleurs, tu transcendais déjà l'humanité, il ne te manquait plus que cette étincelle pour accéder au nirvana total.

Reprenant ses esprit, Tara venait de rentrer dans une espèce de réflexion interne dans laquelle, elle semblait échanger avec ses propres pensées, les réponses elle avait toujours, ce qui lui manquait c'était les questions. Jetant un regard noir à l'un des gardes, elle lui fit signe de lui donner le fusil mitrailleur qu'il transportait, ce dernier se comportant comme un animal obéissant. Réagit au quart de tour et lui envoya l'imposant fusil, qu'elle rattrape sans mal, l'arme était lourde et ne pouvait être maniée normalement par une corpulence comme la sienne, cependant, elle la transportait et dressait avec une aisance affolante. Non pas pour se montrer menaçante, mais pour lui démontrer que les apparences pouvaient être trompeuses.
Elle prit la parole sur un ton tout autre que celui d'auparavant.

- Un type qui veut faire du mal à une femme ? Les humains ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de croiser mon chemin, je permets aux gens de s'élever à un rang qu'ils n'atteindront jamais avec leur pauvres capacités si humaines...

Quelque chose d'étrange se passa, son visage se transforma en celui d'un être qui contemplait le monde autour de sois, un petit sourire sadique parlait pour elle. Notamment quand le héros la questionna sur qui elle était. Alors comme ca il avait un grade se disait-elle, un cops trop curieux ? Il était temps de le remettre à sa place.

- Qui suis-je ? Mais je suis celle qui va bientôt TRANSCENDER CE MONDE REPUGANNT FAIT DE CHAIR. Je suis la vérité inqustionnable. Toi par contre tu es donc un cops qui n'a pas comprit où était sa place ? Le salaire n'est pas assez haut, ou bien la morale est-elle trop haute ?

Rendant l'arme à son garde en la lançant comme s'il s'agissait d'un jouet, elle n'allait certainement pas dévoiler son identité aussi simplement et puis parfois une image vaut mille mots. Enlevant sa casquette laissant apparaitre des oreilles de lapin aussi vraies que nature, elle lui parla.

- Je pense que ma tête passe assez sur les médias, pour ne pas avoir à me présenter. Mais je pense que nous avons un souci plus urgent à régler actuellement. Nous avons un problème toi et moi, tu as interféré là où il ne fallait pas. On peut régler cela de deux manières, la première étant la plus simple, je peux m'arranger pour transférer ton conscient dans celui d'un micro-onde, ou dans un sexbot, tu vas te retrouver à gober du liquide humain pendant longtemps, je m'arrangerai personnellement pour que l'on fasse les révisions sur ton unité à mes frais pour que ton supplice dure longtemps. Ou bien alors, tu me dois un service et c'est moi qui choisie.

Croisant les bras en attendant une réponse, elle ponctua toute cette situation par une troisième option.

- Sinon, tu peux toujours tenter de nous affronter, je me ferais un plaisir de t'arracher les paupières et laisser ce qui te sert de yeux bugger en permanence jusqu'à ce que cela te rende fou. Remarque, j'aime beaucoup cette option, ça me ferait grandement plaisir que tu acceptes.

Les gardes pointaient leurs armes à nouveau sur l'étranger attendant sa réponse.

« Transcender ce monde répugnant fait de chair », au moins tout ça, ouais.
J’étais dans un sacré merdier. J’avais débuté la soirée en pensant qu’il s’agissait d’une affaire plutôt simple, que le tout serait réglé avec quelques fractures, la vie à parfois un sacré humour de merde. Je n’étais pas certain que le fait que je travaille sur cette affaire soit une question de salaire ou de morale, mais c’était sans doute dans la suite du délire. Une fois encore, l’ordre venait d’en haut, tout comme lorsque l’on m’avait ordonné de pénétrer dans le bâtiment avec mon équipe sans attendre les renforts, la seule différence étant qu’aucun bâtiment ne m’avait explosé à la gueule pour le moment.

Le coup des oreilles de lapin, ça, je dois bien avouer que sur le coup ça m’a fait un deuxième trou du cul. Difficile de savoir si posséder les oreilles d’un personnage d’holo-animé pour enfant permettait d’accéder à quelque chose que les simples mortels n'étaient pas en mesure d’apercevoir, mais j’ai préféré garder la question pour moi.

Je n’étais pas en position de force, j’avais réactivé mon interface directe afin de calculer différentes possibilités pour me sortir de cette situation, mais c’était tendu. À chaque calcul j’étais le grand perdant. Mon arme de poing était chargée avec des munitions antipersonnel, le genre à exploser un crâne comme une pastèque, le tout saupoudré des restes d'implants. Au mieux je parvenais à aligner la lapine avec un des gardes derrière elle, et donc faire sauter deux têtes en un coup, ensuite je pouvais toucher un des deux derniers gardes, le troisième quant à lui aurait eu tout son temps pour m’abattre comme un chien. Peut-être que mes augmentations m’auraient permis un certain nombre de choses pour augmenter mes chances, mais je n'étais pas encore capable de ce genre de prouesse.

C’est à ce moment-là que ma supérieure décida de m’appeler, supérieure qui pour la petite histoire est aussi mon ex-femme, ouais, je choisis toujours très bien. Son visage apparu sur la gauche de mon champ de vision, rien qu’à sa tête je savais que j’allais me faire engueuler. J’ai validé l’appel entrant, profitant du speech de mon interlocutrice.

- Bordel de merde Tak ! Dis-moi que j’rêves et que je ne vois pas ce que je crois voir… C’est ça que tu comprends par « rester tranquille » ? Qu’est-ce que tu fous avec la PDG d’Evolve ?! Réponds quand j’te cause espèce d’imbéci…

J’ai coupé la communication avec la ferme intention de me faire pardonner plus tard. Au moins, ça expliquait le coup du blindé, les gardes et l’allure générale de la situation dans laquelle j’étais. J’avais peut-être passé quelque temps dans le coma, mais pas assez pour devenir sénile et oublier quelques notions de survie. Je savais bien que je faisais face à une Olympians, mais là, très mal joué. Malgré les menaces et une mort certaine, j’avais tout de même envie de sortir mon arme et de lui griller les oreilles. C’était comme apprécier la caresse de la mort, mais je ne comptais pas la savourer en solitaire. Qu’importe les solutions proposées, j’étais baisé. Même si je prenais la peine de capturer tout ce que j’avais sous les yeux avec mon interface, personne n’aurait tenté quoique ce soit après, même avec des preuves vidéo à l’appui. J’ai toujours pensé qu’il faudrait un jour mettre ma conscience de côté pour accomplir quelque chose, boucler un Olympians était une chose tout bonnement impossible. Eux avaient tous les droits, et j’avais même dû bosser pour certains d’entre eux à l’occasion, il y avait de véritables pourris, et d’autres un peu moins pourris. Elle avait beau montrer les crocs, j’avais comme l’impression que ça cachait un truc, me buter à ce moment-là c’était littéralement à la portée du premier claquement de doigts, et pourtant, elle me laissait une chance. Sur le moment, je n’avais pas d’autre choix que d’accepter, ou mourir une deuxième fois.

Je n'avais pas encore répondu que déjà les porte-flingue me tenaient en joue, situation de danger critique d'après mon interface.

- Vous pouvez baisser vos flingues. Si j’avais voulu tenter quelque chose, ça serait déjà fait.

Je suis resté silencieux quelques instants, sur le moment c'était plus dur à dire que ce que je pensais.

- Quel genre de service ?

Ai-je finalement demandé.

La situation s'était rapidement détendue comme Tara le prévoyait, il était inutile de basculer dans la violence sans raison. Son changement de comportement l'interpellait car elle voyait pertinemment que ce n'était par peur qu'il changeait, mais bien pour une autre raison, mais laquelle ? Avait-il deviné ? Non, c'était impossible surtout vu la phrase qu'il venait de prononcer, il voulait tenter quelque chose, il ne pouvait donc pas savoir, c'était autre chose.

Souhaitant savoir de quoi il s'agissait, elle reprit la parole sur un ton bien plus doux qu'auparavant.

- Allez Billy, c'est bon tu peux relâcher la tension, pas de violence pour ce soir.

A une dizaine de centimètres de l'étranger se matérialisa une personne, ou plutôt une jeune femme pointant un flingue sur ce dernier, elle ne venait pas réellement d'apparaitre, mais plutôt de désactiver son module de camouflage. Moins imposante que les autres gardes, portant tout de même une armure complète épousant parfaitement ses courbes et d'une teinte blanche, dévoilant uniquement son visage et des cheveux blonds descendant jusqu'à la moitié de son dos. Extrêmement calme, elle baisse doucement son arme tout en continuant à fixer l'homme de ses quatre yeux. Deux globes oculaires et une paire de yeux cyber juste au dessus.

- T'es un flic ? Ou le héros du quartier ? Dans les deux cas tu peux me fournir des infos et rendre des services, en échange t'as deux choix. Le premier étant de l'argent, le second de la technologie. Je t'aime bien, t'es plus trop humain, je suis chirurgienne spécialisée dans les implants, c'est mon dada les augmentations, qu'elles soient esthétiques ou pratiques.

Coupant Tara d'un seul coup, la femme robotisée nommée Billy, se permit à son tour de quitter sa position et se placer à côté de créatrice en donnant son avis.

- Docteur, nous n'avons aucune information sur lui, nous ne pouvons nous permettre une proposition de ce style là, on ne sait rien de lui, peut-être qu'il frappe comme un végétarien ?

Fixant bêtement sa garde, Tara soupira longuement avant de regarder d'abord par terre, puis regarder à nouveau l'étranger avec un visage totalement bête. S'approchant de lui, elle l'invita à la suivre un peu plus loin afin de pouvoir discuter tranquillement.
Une fois un peu plus loin de son groupe, elle reprit sa proposition.

- Je pourrais t'expliquer ce dont j'ai besoin en détail, mais il me faut d'abord des informations à ton sujet, j'aimerais autant que tu les partages, ca m'évitera de devoir envoyer une demande express aux cops, néanmoins, comme je le disais, je peux te fournir de la technologie, de l'argent ou même des informations, tout dépend de ce que tu cherche, mais celles et ceux qui travaillent avec moi ont forcément droit à des privilèges.

Avant même qu'elle finisse sa phrase, une petite alarme retenti directement à son oreille, en un rien de temps la garde féminine se déplaça avec une vitesse assez exceptionnelle pour reprendre la parole.

- Docteur, secteur 25, problème avec des strays, deux jeunes cops impliqués, je vous retrouve sur place.

Réactivant son module de camouflage, elle disparut laissant simplement entendre des bruits de pas qui sprintent. De son côté tendant la main à l'étranger, Tara reprit la parole en l'invitant à les rejoindre.

- C'est le moment de voir ce dont on est capables, je t'invite à nous accompagner dans notre véhicule si tu souhaite avoir des réponses.

Ouvrant la marche, elle n'attendait pas de réponse, elle verrait par elle-même s'il souhaitait les rejoindre.

Putain de camouflage optique. Je me tenir à tout juste trente centimètres et je n’avais rien remarque, aucune anomalie visuelle, pas le moindre son de respiration. Ce genre d’équipement était clairement manufacturé pour l’armée, ce n’était pas le genre de module que l’on pouvait trouver au receleur du coin. Un truc comme ça devait valoir au moins le prix d’un bloc d’habitation, cafard et toxico inclus. Enfin, à ce moment je savais qu’avec la personne en face de moi, le budget n'était clairement pas un problème, sans parler de la possibilité de développer le produit soi-même.

- Flic. Le service en premier, les récompenses ensuite.

Je me fichais bien des récompenses. J’avais suffisamment d’équipement sur moi pour être redevable à vie, sans dire que je ne savais toujours pas qui était derrière tout ça. Je n’avais pas de famille, un coup épargne tout juste assez solide pour passer une soirée en charmante compagnie à siroter des verres d’eau.
J’aurais peut-être dû répondre à la Garde en combi moulante option aguicheuse. Elle n’avant de femme que le visage, pour le reste j’avais l’impression de fixer la carlingue d’une navette. Ouais j’étais passé pour un abruti alors qu’elle se tenait tout juste à côté de moi, mais il aurait fallu des augmentations oculaires de dernière génération pour griller un camouflage. J’avais une vue améliorée et un accès interface visuel direct pour communiquer ou lancer des protocoles d’enquêtes, c’était bien la seule chose que je trouvais cool.

Encore une fois j’allais répondre que j’attendais des infos concernant le service, avant de penser à autre chose. Devoir rendre service à quelqu’un c’est quelque chose que je n’ai jamais aimé. Au début on donne la main, puis ont fini par ce faire prendre de force et sans vaseline. Je n’avais cependant pas le choix, ou du moins pas dans cette situation. J’ai suivi le groupe, histoire dans savoir plus. D’un œil attentif j’ai analysé le départ de la nana avec son camouflage, encore une fois, pas d’anomalie visuelle, ni même de reflets, propre.

Le blindé était similaire à ce que l’on utilisait dans les groupes d’interventions, la plus grande différence étant que celui-ci brillait comme un miroir de bordel. L’intérieur devait être légèrement plus grand parce que ma tête ne frottait pas contre le toit. Voilà que je me retrouvais entouré des gorilles, et de la PDG d’une des sociétés influentes de la ville. J’avais laissé mon interface partiellement activée, j’avais aucune envie d’être emmerdé par des appels, autant dire que j’allais prendre une brasse dès que j’allais réapparaître sur les radars.  

Deux cops impliqués, ce n’était ni une bonne ni une mauvaise nouvelle. Pour le coup, c’était mieux de les retrouver morts que vivant, ouais, c’était sans doute dégueulasse d’avoir ce genre de pensées, mais bénéfique pour tout le monde. Concernant les Strays… personnes n'iraient s’inquiéter de trois ou quatre connards morts dans une fusillade, et surtout pas dans le coin. Après plusieurs minutes de trajet dans un silence de mort, le blindé s’immobilisa. À ce moment-là, il fallait faire les choses correctement, et surtout pour moi, tant que je n’avais pas de garantie je devais la jouer réglo. Sur le moment, le seul moyen de faire ça bien c’était de déclarer ce que je faisais comme une intervention standard, après tout, en tout que Cops j’avais quelques passe-droits.

- Cops en intervention.
« Intervention en cours, lancement des protocoles administratifs. »

Tout ce que j’allais faire à partir de ce moment-là, allait être considéré comme nécessaire pour une opération, ça allait de pisser sur un trottoir à tuer quelqu’un au milieu de la rue. Encore un avantage de l’interface directe qui permettait de réduire la paperasse, là c’était un serveur qui se chargeait de tout, enfin, c’est le speech qu’on m’avait fait.

La porte arrière du blindé s’ouvrit lentement, laissant entendre les détonations à l’extérieur. Les gorilles furent les premiers a quitter le véhicule, moi j’ai suivi après.

Les deux cops se tenaient à couvert derrière leur voiture, l’un ripostait encore, le second quant à lui était étendu sur le sol, la moitié gauche du crâne emporté par un tir. Il devait y avoir trois Strays de l’autre côté de la route, cachés eux aussi derrière un véhicule. C’était difficile de trouver la raison de la fusillade, même si je pensais à une simple ronde de routine tombée sur le mauvais groupe de trafiquants. Naturellement les balles ont commencé à fuser vers notre blindé, un des gorilles fut touché à l’épaule, mais ça ne le traumatisa pas outre mesure et il répliqua avec une rafale qui fit baisser les têtes. J’ai profité des tirs pour laisser les gorilles se débrouiller et foncer rejoindre mon collègue derrière sa voiture de patrouille, j’ai évité à un projectile de peu en me laissant glisser au dernier moment.

- Situation ?
- Merdique… Patrouille de routine et c’est parti en vrille… C’est vous les renforts que j’ai demandés ?
- Ouais, si on veut… On passait dans le coin. Combien de types de l’autre côté ?
- Trois de sûrs, le quatrième est touché, pas sûr qu’il soit en état de combattre.

Deux balles sifflèrent au-dessus de nos têtes, l’une d’entre elles manqua de traverser la calandre.

- Dès qu’ils arrêtent de tirer, vous leur videz tout ce que vous avez.
- Compris.

Le blindé recevait toujours quelques tirs, mais d’arme trop légère pour endommager quoique ce soit. Occasionnellement les porte-flingues envoyaient une salve pour calmer les tirs, mais il ne fallait pas compter sur plus de soutien de leur part.
Je me suis redressé pour courir vers la position des Strays lorsque mon collègue ouvrit le feu à son tour. Arme à la main, je progressais rapidement vers eux, j’avais des munitions anti-personnelles, un reliquat de mon passé dans les groupes d’intervention, faite pour tuer. Lorsque je suis arrivé près d’un couvert, l’un d’entre eux sortit de derrière sa position pour me flinguer.
Trop lent.
Une simple détonation et tout ce qui se trouvait sous son genou droit vola en éclats, os, peau et implant low-cost. Le type hurla à la mort en se vautrant lamentablement sur le sol, son crâne percuta le bord du trottoir, il gigota encore un peu, puis s’immobilisa pour de bon. Le danger écarté, j’ai repris ma progression en essayant de me mettre à couvert derrière tout ce que je voyais. Un deuxième déboula de derrière la voiture, marchant sur le corps de son pote. Cette fois j’ai visé le torse, le gars tomba lourdement en arrière avec un trou encore fumant de la taille d’une main au milieu du poitrail. Le dernier se redressa à son tour, mais lui tenta de s’enfuir en remontant la rue. Je lui aurais bien soufflé la tête, mais je n’avais pas d’angle de tir sur lui, et je ne comptais pas tirer à l’aveugle avec ce genre de munition.

- Aller Billy, fais nous rêver.

Ai-je finalement soufflé à moi-même.

A peine arrivé sur les lieux, la situation était déjà intéressante. Comme décrit, deux cops bloqués par une bande de Strays. Deux gardes de Tara sortirent du blindé et observèrent la situation, l'avantage qu'elle avait avec tous ses gardes était qu'un seul voit la situation il transmet automatiquement les informations aux autres y compris leur créatrice. Mais c'était là, l'information la plus confidentielle au sein d'Evolve, il était hors de question de divulguer ce genre de chose, une conscience collective pour mieux les contrôler voilà quel était l'une des principales raisons de la société et surtout en combat qu'ils excellaient.

L'un des gardes se prit quelques balles dans son armure, au niveau de l'épaule, mais cela son cerveau était conditionné, la douleur n'existait plus, il n'y avait que quelques sentiments qui étaient permis. Laissant leur nouveau compagnon opérer, son équipement était impressionnant il n'y avait rien à redire. Ses mouvements et ses compétences le distinguait des autres cops présent sur place, Tara sortait à peine du véhicule alors qu'ils étaient entrain de finir et que l'un des hommes semblaient être entrain de s'échapper en courant à toute vitesse, a croire que son nouvel ami cops n'était pas encore au point pour tous les neutraliser.

Redressant la tête, elle savait par où Billy progressait car c'était elle qui avait installé son camouflage optique, sautant depuis le toit d'un petit bâtiment, elle venait d'atterrir droit devant l'homme qui prenait la fuite à environ deux cent mètres de lui. Engageant un sprint en sa direction arme à la main. L'occasion était parfaite pour Tara pour tester une expérience en situation de combat réel, Billy avait la vie facile, les autres gardes devaient briller eux aussi de temps à autre.

Le programme n'était pas encore au point elle, se vit obliger de crier pour l'activer.

- Croco, passe en mode chasse et ramène le vivant ! Si Billy le touche avant toi, je te débranche !

Il se passa littéralement quelques secondes avant que le garde ne jette son arme et change de forme. Posant ses mains devant lui, son armure se transformera légèrement avec lui pour lui permettre de courir à quatre pattes. C'était surtout son casque qui s'ouvra, laissant apparaitre une tête inhumaine ne ressemblant à rien hormis un tas de chair depuis lequel sortait des fils de tous les côté et une mâchoire métallique. Il n'avait plus rien d'humaine et ressemblait à un cadavre à quatre pattes.

Il prit une accélération extrêmement importante en un rien de temps et remonta la rue comme un chien en direction de la cible. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour se jeter littéralement sur ce dernier et le choper avec ce qui était son ancien bras droit. Bien plus costaud que lui, il lui brisa la main et fit tomber son arme. Billy de son côté venait de rater sa cible à exactement dix-huit mètres plus loin. Le cyber monstre ramenai le stray en le trainant par terre comme un vulgaire sac sans aucun mal. Et fini par être rejointe par l'unique présence féminine de la garde Tara qui désactiva son camouflage et prit la parole, quelque peu remontée.

- Docteur... Je suis navrée, j'ai fais de mon mieux.

Le garde reprit sa forme humanoïde d'auparavant, masquant ainsi son visage, comme pour tous les autres strays, il assomma le bonhomme en lui éclatant les dents contre le trottoir, de toute manière il n'allait plus en avoir besoin, il allait subir une transcendance lui aussi, puis l'emmena dans le blindé avec les autres.

- T'en fais pas Billy, t'es de rang deux, je sais que tu souhaite passer au premier rang, mais il va te falloir encore pas mal de modifications avant de pouvoir y prétendre, qu'importe, je suis fière de toi.

La garde s'inclina poliment et la remercia, on ne pouvait lire les émotions sur son visage impassible. De son côté Tara allait surtout voir son nouvel ami flic et le complimenter sur ses actions.

- Impressionnant ! Très honnêtement, je suis du genre avare en compliments, mais waouh, j'ai rien a redire, t'as de l'expérience ! Si tous mes gardes pouvaient en avoir autant, je serais aux anges ! T'as réussi l'exploit de protéger tes collègues tout en neutralisant les clochards. Il manquait néanmoins un dernier, mais personne n'est parfait tant qu'il ne renonce pas entièrement à son humanité.

Marquant une pause avant de s'avancer vers les deux autres cops, elle reprit la parole tout en les regardant et en sortant un petit badge électronique de sa poche.

- Zone sous responsabilité d'Olympus pour les 24h prochaines heures, vous aurez droit à trois jours de repos les humains, si vous fermez votre gueule. Vous n'avez pas de rapport non plus à faire, je m'occupe du reste, sur ce, merci de votre collaboration ! Se retournant vers ses gardes. - Billy, prend un garde avec toi et occupe toi des deux cops, ramenez les se faire soigner, tu rédigeras le rapport après.

Revenant sur ses pas en arrière, vers son camarade, elle gardait les mains dans les poches. En lui faisant une nouvelle proposition.

- Bon ! Alors, je renouvelle ma proposition ? Si t'as des questions c'est le moment, le secteur est à moi, on est tranquille pendant un petit moment ici.

A peine finissait t-elle sa phrase, qu'un second blindé aux mêmes couleurs que le premier venait de débarquer avec une nouvelle unité de gardes commençant à se poster autour du lieu de l'incident, d'autres entrèrent dans le bâtiment qui semblait être impliqué de l'apparition des strays dans cette zone.

Le vocabulaire me manque pour décrire cette saloperie à quatre pattes qui venait de me passer sous le nez. Difficile de dire si le type se rendait compte de son état, si j’avais eu une once d’empathie, peut-être bien que j’aurais eu de la peine pour cet amas de chaire et de technologie. Dire que durant mes opérations les docs avaient fait des pieds et des mains pour que je ne sois pas victime de rejet ou d’infection. Sa gueule d’enfer mélangeant chair abimé et augmentation aurait filé des sueurs froides aux types les plus burnés des groupes d’intervention. Naturellement, je me demandais ce qu’il faudrait pour neutraliser ce genre de saloperie, au cas où je finisse un jour à la place du Stray. Je me disais qu’un projectile perforant en travers de la face aurait vite fait de griller la majorité des circuits, mais ça c’était la théorie, je n’avais pas vraiment envie de gérer la pratique.

- Intervention terminée.
« Intervention terminée, clôture administrative. »

Je regardais le cadavre ambulant ramener sa proie, je me foutais bien de comment finirait le Stray, tout comme une bonne partie de la population d’ailleurs. A partir du moment où il avait sortie son flingue pour tirer sur des représentants officiels de l’ordre, autant dire que sa vie avait autant de valeur qu’un mouchoir dans un bordel. J’avais l’impression que Billy faisait la gueule, mais vu qu’elle avait le facies d’une tourelle j’avais du mal à me faire une idée précise.

- C’était mon boulot d’être efficace.

Enfin, en grande partie, c’est vrai que le dernier type qui s’était tiré pour se faire finalement ramené par le cyber-cadavre-molosse ça faisait tache au milieu de tout le professionnalisme que j’avais déployé. Je n’avais pas agi comme ça pour impressionner qui que ce soit, je me contentais simplement de faire mon boulot comme je l’avais toujours fait. J’avais maintenant l’occasion de parler un peu du futur travail qu’elle voulait me confier, et maintenant que j’avais eu une démonstration des moyens de la miss, je pouvais poser des questions plus précises. Du coin de l’œil j’ai observé le deuxième blindé arriver, puis déverser ses passagers dans la rue. Le quartier commençait presque à avoir l’apparence d’un avant-poste militaire.

- Si je bosse pour vous, je veux que ce soit réglo.

Je ne m’inquiétais pas pour elle qui devait sûrement avoir mille et une façon de se débarrasser de quelqu’un pour s’assurer une longue vie tranquille. Je n’oubliais pas ma place dans la société, j’étais un simple flic, et elle avec son cul plaqué en Or vivait sur une tout autre planète. Criminelle elle l’était sans aucun doute, est-ce que je pouvais y faire quelque chose ? Certainement pas, et encore moins si j’me faisais descendre comme un chien au milieu de la route.

- Je me fous des augmentations, des crédits et des sex-bot micro-onde. Si j’dois bosser pour vous, j’veux les autorisations nécessaires pour pas avoir d’emmerdes.

Quand j’agis en tant que Cops, j’avais le système pour me couvrir et justifier chaque munition tirée.

- Vous devez bien avoir ça, à moins d’avoir tout claqué dans les blindés.

J’ai hoché la tête en direction d’un troisième véhicule qui arrivait depuis l’autre bout de la rue. Il y avait à présent suffisamment de personnes armées dans le coin pour sécuriser le quartier mètre par mètre.

- Maintenant j’vous suis et vous m’expliquer ? Ou dois-je attendre sagement que votre Billy m’fasse la peau ?